Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avait éclose Sa robe de pourpre au soleil A point perdu cette vêprée Les plis de sa robe pourprée Et son teint au vôtre pareil. Las ! voyez comme en peu d'espace, Mignonne, elle a dessus la place, Las, las ! ses beautés laissé choir ! O vraiment marâtre Nature Puisqu'une telle fleur ne dure Que du matin jusque au soir ! Donc si vous me croyez, mignonne, Tandis que votre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez votre jeunesse : Comme à cette fleur la vieillesse Fera ternir votre beauté.
Pierre de Ronsard